Rétrospective Moumen Smihi

En 2013, j’ai organisé la rétrospective itinérante « Moumen Smihi : mythologies marocaines », et qui a été dirigée par Livia Alexander. Ce programme a fait ses débuts à la Pacific Film Archive de Berkeley, Californie, en octobre 2013. Il a ensuite été montré au Block Cinema à Chicago, et dans le cadre d’un programme étendu (avec des versions nouvellement restaurées des films de Smihi : « La Dame du Caire » et « Avec Matisse à Tanger ») à la Tate Modern à Londres en 2014. Certains des films ont également été projetés au Walker Art Centre, Minneapolis, et au Musée des Beaux-Arts de Montréal, en conjonction avec d’autres programmes. J’ai participé à de nombreuses conversations sur scène avec Smihi pendant ces événements. Certaines d’entre elles sont archivées dans la section « Interviews » de ce site Web.

Né en 1945 à Tanger, au Maroc, Moumen Smihi a fréquenté une école de cinéma influente à Paris, l’IDHEC (Institut des hautes études cinématographiques), de 1965 à 1969 et a étudié avec de grands intellectuels français dont Roland Barthes, Michel Foucault, Jacques Lacan et Claude Lévi-Strauss. Profondément influencé par les idées révolutionnaires de Paris de 1968 et animé par une volonté de relier cette conscience sociale et politique avec son expérience du Maghreb, Smihi revient au Maroc après avoir réalisé son premier film, « Si Moh, pas de chance » (1971) et habite depuis entre Tanger et Paris. À partir de ce premier film incroyablement confiant, et qui dépeignait les conditions des travailleurs immigrés nord-africains en Europe, Smihi a continué à réaliser son premier long métrage très acclamé, « El Chergui, ou, le Silence violent » (1975). Depuis, il a continué à aborder les réalités marocaines contemporaines telles que les histoires coloniales, la censure politique, la religion et la diversité ethnique, raciale et linguistique. L’œuvre révolutionnaire de Smihi, créée au cours d’une longue et prolifique carrière, comprend des documentaires, des courts métrages et des longs métrages réalisés au Maroc, en Égypte et en France, ainsi que cinq volumes d’écrits comprenant des interviews critiques, des articles sur les cinémas Arabes, de l’Europe et de Hollywood, ainsi que des essais sur la théorie cinématographique. Son œuvre continue à circuler mondialement et sa trilogie de Tanger : « Le gosse de Tanger », « Les hirondelles » et « Tanjaoui » a été projetée au Clair Obscur / le festival travelling à Rennes en France en 2017.